La musicothérapie est apparue en France dans les années 1970. Telle une mélodie captivante, elle suscite, depuis le vingtième siècle, l’attention des chercheurs et des professionnels de santé . Maintes études ont révélé ses bienfaits apaisants, propices à soulager la douleur et à améliorer certaines capacités cognitives, psychomotrices et socioaffectives. Mais en quoi consiste cette approche et comment la musique agit-elle sur le cerveau ?
Cette thérapie est fondée sur la musique et les sons qu’elle utilise comme support de médiation entre le praticien et le patient. Elle permet d’établir une communication non verbale, ou de la rétablir en cas de lésion.
Selon la Fédération française de musicothérapie, elle s’adapte « aux troubles psychoaffectifs, difficultés sociales ou comportementales, troubles sensoriels, physiques ou neurologiques ». Des recherches documentent ses effets dans ces différents registres. Universelle et appropriée à tout âge de la vie, elle convient à un large public.
Plusieurs études, réalisées grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), montrent que la musique influence plusieurs zones du cerveau. D’abord perçue par le système auditif, elle stimule ensuite d’autres parties liées :
De plus, écouter un air plaisant active les circuits neuronaux de la récompense. Ce qui entraîne la production de dopamine, assimilée à une « hormone du bonheur » ! Cela toutefois est avéré dans la majorité des cas, à l’exception de quelque 5 % de la population mondiale concernée par l’anhédonie musicale.
Comme le souligne Hervé Platel, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen « La mémoire musicale active les deux hémisphères, notamment la région de Broca : celle du langage ». Elle partage des zones :
De cette façon, si l’une de ces aires cérébrales est endommagée, tout n’est pas perdu pour autant.
Une publication de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) parue en 2019, nous apprend que l’art revêt un rôle bénéfique pour la santé. À ce titre, parmi les différentes disciplines artistiques étudiées, le périmètre d’action de la musique apparaît relativement étendu. Ainsi, elle permet entre autres :
En complément à une prise en charge médicamenteuse, la musicothérapie constitue un espoir face à des maladies comme Alzheimer en améliorant la connectivité cérébrale. C’est ce que dévoile une autre étude de 2022 qui met également en avant le choix des compositions musicales par le patient. Des airs connus et appréciés obtiennent des résultats supérieurs, principalement au niveau du cortex frontal des personnes âgées en proie à la démence.
Peut-être avez-vous entendu parler de cette théorie ? Certes, l’hypothèse selon laquelle la musique du célèbre compositeur rendrait plus intelligent a été écartée par la communauté scientifique. Toutefois, les chercheurs s’intéressent à son action sur l’épilepsie dont elle peut réduire la fréquence des crises. La sonate pour 2 pianos en ré majeur, spécialement, fait l’objet d’études depuis une vingtaine d’années.
La musicothérapie apparaît également profitable à la santé psychologique. La portée émotionnelle de la musique est prouvée. Son écoute, de même que la pratique d’un instrument, apaise l’anxiété et atténue les symptômes de la dépression, en améliorant l’humeur.
Une expérimentation auprès de soignants en centre hospitalier a pu démontrer la diminution du stress dès la première d’une série de cinq sessions thérapeutiques. Cela s’explique notamment par la faculté de la musique d’abaisser le taux de cortisol. À l’opposé, elle augmente la sécrétion d’endorphine et de dopamine, ce qui agit sur la douleur.
Les musicothérapeutes, dûment formés, interviennent en différents lieux. Dans le secteur public (hôpitaux, maisons de retraite, centres de rééducation fonctionnelle, etc.), les séances sont organisées en concertation avec l’équipe soignante.
Dans les crèches, ces professionnels sont à même de favoriser l’éveil musical des enfants en bas âge, de même que leur développement psychomoteur et émotionnel.
Enfin, ils peuvent exercer sous statut libéral et recevoir en cabinet privé.
Un bilan médico-psychologique permet d’évaluer la forme thérapeutique la plus adaptée au patient, du nourrisson à la personne âgée en soins palliatifs.
Les préférences musicales de chacun et les sensations induites par les harmonies sont très subjectives. Elles se construisent au fil du temps en fonction de notre sensibilité pour venir constituer un répertoire singulier, associé à notre vécu. Ainsi les ressentis à l’écoute d’un même morceau peuvent être très différents d’un individu à l’autre.
C’est pourquoi un large éventail musical est mis à contribution lors d’une séance : du rock à la variété, en passant par la musique classique, le chant, etc. Le patient est accompagné dans ses choix par le professionnel, selon ses besoins.
Nous voyons donc que de l’aube au crépuscule de la vie, la musicothérapie peut être d’une aide précieuse. La capacité naturelle de la musique à améliorer notre santé a été démontrée . Et nous ne sommes pas les seuls à profiter de ses vertus. Son influence s’étend aux animaux auxquels des versions adaptées à chaque espèce apportent davantage de bien-être. Qu’en est-il des végétaux ? Sont-ils eux aussi sensibles aux ondes sonores ? Certains travaux avancent des hypothèses en ce sens. Ce sont là d’autres pistes que vous pourrez explorer… Il semble que ce sujet passionnant n’ait pas fini de nous surprendre !