Identifier ses blessures dominantes pour les panser. C’est ce que proposent Isabelle Gauducheau et Mary-Laure Teyssedre dans leur livre « Les 5 blessures de l’âme ». Rejet, humiliation, trahison, abandon et jugement. Ces cinq atteintes fondamentales participent à façonner nos comportements et notre développement personnel. Elles peuvent être développées dès l’enfance et à n’importe quel moment de la vie. D’après Wilhem Reich, ces blessures fondent nos premières expériences de vie. À leur insu, les individus utilisent des mécanismes de protection contre ces souffrances que leur esprit a appris à redouter. Ces souffrances sont reprises par l’auteure Lise Bourbeau dans son ouvrage « Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même ». Les auteures guident le lecteur pour identifier ces blessures et leur source afin de les remettre en question. Le but ? Être capable de les guérir progressivement en conscientisant ces comportements limitants. Vivre avec, plutôt que subir ces traumatismes. Découvrez une présentation détaillée des cinq blessures de l’âme et les moyens d’en guérir.
5 blessures de l’âme illustrées à travers cinq animaux
Le cygne, le cocker, le héron, le gorille et le buffle sont les égéries des 5 blessures de l’âme. Ces animaux ont été choisis par les auteures pour représenter chacun de ces maux. Pour quelle raison ? Simplement pour donner un côté plus « visuel » à leur explication. Le frêle héron, le gorille dominant, le buffle explosif, le cocker aux yeux tristes et le cygne impeccable sont des représentations qui illustrent les aspects physiques et émotionnels de chaque blessure. Cela passe par leurs comportements, leurs caractéristiques physiques ou encore l’imaginaire qui est créé autour d’eux.
S’il ne s’agit pas de se transformer en l’un de ces animaux, le lecteur peut s’identifier facilement à l’un ou à l’autre. Développer son propre épanouissement revient à se « guérir » de ces projections bestiales. Cela s’avère à la fois ludique et parlant pour les personnes qui s’interrogent sur leurs blessures fondamentales. De plus, c’est un moyen d’éviter de se confronter à un jargon de psychologue qui se révèle souvent compliqué pour le grand public.
L’idée de cette méthode est de produire un travail sur soi pour identifier l’impact de ces souffrances sur notre vie. Elle nous fait analyser comment nous nous sommes construits en fonction d’elles, quels mécanismes de protection nous avons développé, le plus souvent malgré nous. Érigées depuis la toute petite enfance – parfois même avant –, ces barrières ont été bâties à un moment M où nous en avions besoin. En fonction de notre évolution, elles n’ont peut-être plus lieu d’être. Elles existent pourtant toujours car le traumatisme est difficile voire impossible à oublier pour le corps et l’esprit. Nous n’avons que peu d’occasions de remettre en question et de prendre conscience de ces souffrances. Les lecteurs se soumettent à une analyse en profondeur de leurs comportements.
L’abandon : la blessure du cocker
La blessure d’abandon est créée par un sentiment de privation et de manque. Elle survient dès l’enfance, voire chez le nourrisson. Ce sentiment est difficile à percevoir pour l’entourage et peut lui sembler dérisoire. Elle a en réalité un impact physique et émotionnel énorme.
Physiquement, la blessure se perçoit d’abord par le regard. Les « yeux de cocker », très demandeurs, dictés par la carence que le corps ressent. Un corps long et mince, qui semble désordonné et incomplet, expression du manque. Cela le rend fatigable et on l’associe régulièrement à un manque de force. D’un point de vue émotionnel, le cocker est perpétuellement en demande. Le manque engendre des comportements paradoxaux. La personne blessée peut s’accrocher jusqu’à se montrer oppressante. À l’inverse, elle peut partir avant qu’on ne la quitte, souvent par peur de retrouver cette sensation d’abandon. Étrange dualité entre une attitude très demandeuse et la peur de revendiquer quoi que ce soit par peur d’être déçu. En conséquence, l’insatisfaction et l’insécurité règnent chez le cocker. Il souffre d’une énorme dépendance affective qui peut aller jusqu’à la dépression si une nouvelle expérience du manque se présente.
Pour guérir du sentiment d’abandon, l’individu doit apprendre à voir l’abondance autour de lui. Il peut ainsi focaliser son énergie et son attention. Petit à petit, la personne développe sa propre abondance jusqu’à l’autosuffisance : symbole de liberté. Il s’agit de se détacher de la dépendance affective. La confiance en cette profusion permet de mieux cerner ses besoins et les moyens d’y répondre. Elle nous libère de l’addiction de compensation que l’on développe par peur du manque. Donner sans attendre apaise les relations avec les pairs pour chasser la peur d’être déçu ou abandonné.
Les mots clés : manque, abandon, dépendance
Quelques phrases clés : « Mes besoins sont pourvus. », « J’ai le droit d’avoir des besoins et d’être satisfait. »
Le rejet : la blessure du héron
Le rejet crée un sentiment de menace pour sa vie. Le sujet ressent cette menace chez les personnes censées prendre soin de lui ou dans son environnement. Cette blessure se développe chez le tout petit bébé (si l’enfant naît dans des conditions difficiles par exemple) voire même avant la naissance (avec un enfant non désiré). L’insécurité latente du héron le rend très sensible. La seule chose qui lui importe est de survivre. Pour se protéger, l’individu s’isole facilement, se montre mélancolique et solitaire. L’environnement et les autres sont perçus comme hostiles et provoquent l’éloignement.
À l’image des maigres pattes de l’animal, l’enveloppe physique du héron est minimaliste. Son corps dégage de la contraction, de la nervosité. Il est actif mais très fatigable car accablé d’une charge supplémentaire permanente : la peur. Une crainte continuelle qui lui donne des tendances maniaques : sécurité car peur des voleurs, hygiène car peur des microbes etc. Une méfiance quasi systématique l’habite, d’où sa difficulté pour nouer contact avec autrui. Ce rejet anticipé est un mécanisme de protection d’une quelconque hostilité. Le héron peut se tourner facilement vers la spiritualité afin d’échapper à cette réalité qu’il redoute. Il se coupe instinctivement de la réalité pour se réfugier dans le havre de paix qu’il se crée. Un réflexe développé par le nourrisson (qui ne possède aucun autre moyen de protection), mais que l’on peut retrouver jusqu’à l’âge adulte.
Pour guérir, le héron a un besoin fondamental de présence. Il faut lui offrir un sentiment de sécurité pour mieux exister et s’épanouir. Il doit conscientiser ses peurs pour mieux les repousser par la suite. Une pratique créative pour mieux s’autoriser à vivre pleinement peut être un levier intéressant pour notre héron.
Les mots clés : peur, rejet.
Quelques phrases clés : « La vie est dangereuse », « Je suis en sécurité si je suis seul », « Les gens sont méchants »
Le jugement : la blessure du cygne
Le jugement influe grandement sur nos vies. La blessure du cygne, qui résulte de jugement négatifs, biaise la construction de l’enfant. En particulier à l’adolescence. Le sujet est très préoccupé par son apparence. Tout doit être parfait et il cherche à se distinguer par tous les moyens. Une compensation motivée par la crainte du jugement. Sa beauté et ses manières donnent un sentiment de raideur. Physiquement, tout est maitrisé, propre et soigné. La notion de contrôle est prédominante chez le cygne. Par peur, il ne dévoile pas son intimité. Son appréhension l’empêche souvent d’écouter et d’exprimer ses émotions. Avec ses pairs, il répond au jugement par le jugement et peut passer pour quelqu’un de méprisant et hautain. Il essaye d’être parfait en toutes circonstances. Cela constitue un stress quasi-permanent chez la personne concernée.
Pour guérir, le blessé doit s’autoriser à devenir vulnérable. Pour faciliter cette transition, il est intéressant d’avoir recours à un havre de paix pour se recentrer sur soi. Créer un environnement social favorable est une étape essentielle de ce processus. Le cygne doit identifier les personnes avec qui il peut s’exprimer. L’absence de jugement est le facteur clé pour que le sujet soit en confiance. Il découvre alors un sentiment d’authenticité qui le soulage. Le cygne doit prendre le risque d’être spontané et prendre ses distances avec son identité trop rigide. Il lâchera alors peu à peu prise pour une vie plus fluide et moins sous tension. Le recours à l’humour peut s’avérer un puissant allié. Elle permet de relativiser et relâcher cette pression permanente. Attention toutefois à ménager le blessé : un trop-plein de dérision à son égard peut le braquer. Il s’agit de le dérider sans tomber dans la moquerie.
Le mot clé : jugement, perfection
Quelques phrases clés : « Je dois être impeccable », « Je ne veux rien avoir à me reprocher », « Si je lâche prise, tout s’effondre »
L’humiliation : la blessure du buffle
La blessure du buffle naît chez l’enfant autour de ses 3 ans. Elle provient d’un refus de voir la beauté intérieure du sujet : rejet, humiliation, honte. L’enfant se retrouve privé à cause de comportements attendus qu’il n’a pas su atteindre. Privation d’amour, d’espace, transformation en souffre-douleur… Il en découle un refoulement d’émotions, d’avis et de comportements en réaction à ces privations.
Les caractéristiques physiques du buffle sont à l’image de leur égérie. Un corps lourd, compact, qui se contient en permanence. Souvent en surpoids (un moyen de masquer la réalité), la personne est généralement peu expressive. Elle affiche une posture voûtée, le dos rond permettant encore une fois de contenir ses sentiments et ses comportements. Emotionnellement, le caractère toujours retenu entre la honte la culpabilité peut engendrer des explosions de sentiments. De la colère lorsqu’on ne peut plus se retenir, une peur incessante du regard des autres car on se comporte en fonction d’eux. Le buffle se sent facilement envahi et oppressé. Il est donc dur pour lui de s’engager. Il présente une grande empathie et un sens aigu du sacrifice. C’est une véritable éponge émotionnelle.
Pour guérir, le buffle doit retrouver sa liberté intérieure et extérieure. Cela commence par apprendre à s’exprimer librement, à dire les choses lorsqu’il en ressent le besoin. Il doit être capable d’extérioriser ses sentiments sans se mettre en porte-à-faux. Pouvoir libérer son agressivité en toute sécurité : en pratiquant une discipline sportive par exemple. Enfin, il est essentiel pour panser cette blessure de s’autoriser à passer en premier. Penser aux autres certes, mais ne pas s’oublier soi-même. Le buffle doit se dégager de cette contraction physique et émotionnelle : respirer librement, ouvrir son cœur, laisser transparaitre ses émotions.
Les mots clés : humiliation, abus, invasion, honte
Quelques phrases clés : « Je suis libre. », « Je peux m’exprimer en toute sécurité. »
La trahison : la blessure du gorille
La trahison marque une rupture de confiance chez l’individu. Elle est provoquée par de la manipulation ou l’utilisation à mauvais escient de cette personne. Ce sentiment peut donc naître à tout âge. La perte de confiance amène le blessé à entrer dans un monde de comparaison permanente. Tout est compétition, perdre n’est pas acceptable et il faut se battre pour être le meilleur.
Le gorille présente un corps imposant qui cherche à s’affirmer voire à dominer. Il s’agit d’impressionner et cela commence par les yeux. Un regard tendu qui cherche à tout contrôler, tout vérifier. Le but ultime du gorille est de dégager du charisme et de la conviction. Pour exprimer ses émotions, notre sujet a tendance à se surestimer pour impressionner. Il se montre souvent ironique et même humiliant avec ses pairs pour dominer et gagner. Il aura recours à la trahison si nécessaire plutôt que de la subir à nouveau. Sa peur de l’échec est viscérale. Il a un énorme besoin de se mettre en avant. En revanche, il dissimule farouchement ses propres besoins et émotions. Ses sentiments pourraient refléter des points faibles. Enfin, il cherche à avoir un contrôle total de son environnement.
Pour guérir, la personne trahie doit accepter et reconnaitre qu’il a des besoins et apprendre à les exprimer. Pour atténuer sa nécessité de contrôle, le gorille doit savoir relativiser. Cela lui permet de lâcher prise progressivement et d’apaiser ses relations avec son environnement. Il doit arrêter d’en faire trop et consentir à laisser de la place aux autres. Comprendre qu’il n’a pas besoin de se faire passer pour ce qu’il n’est pas est un point clé.
Les mots clés : trahison, contrôle, séduction
Quelques phrases clés : « Je ne fais confiance à personne », « La meilleure défense, c’est l’attaque », « Je te dis que j’ai raison »
Au cours de notre existence, nous expérimentons tous les 5 blessures de l’âme à des degrés différents. Nous réagissons et construisons notre personnalité en fonction de celles-ci, également à notre façon. Il est possible de ne jamais se sentir réellement blessé ou impacté par une de ces blessures. Toutefois, un travail d’introspection en ayant connaissance de ces sentiments peut donner des clés à certaines personnes. Les solutions pour en guérir peuvent être mises en pratique à différentes échelles et doivent s’adapter à notre personnalité. Chaque expérience de vie est unique et c’est en toute logique que les leviers pour « mieux vivre » sont multiples. Il appartient à chacun de l’expérimenter dans sa quête de développement personnel. Plongez-vous dès à présent dans cette aventure passionnante à la découverte de… Vous-même !
Article rédigé par Pierre Le Quéré